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Le monde de Terrawood

9 mai 2013

Chapitre I

 

photo prologue

Elle tourne la tête dans ma direction et me sourit. Ce sourire dont je raffole, si intense, chaleureux et pleins d’amour. A ce moment précis, il n’est destiné qu’à moi. Elle virevolte sur elle-même, entrainant ainsi sa robe blanche qui flotte dans l’air. Son visage rayonnant joue parfaitement avec ses boucles dorées et ces magnifiques yeux bleus océan s’amusent à faire baisser les divers regards alentours. Elle était belle, resplendissante, certains affirment que c’est notre amour qui la rend aussi jolie mais moi, je sais que c’est sa vie et sa manière de voir le monde du haut de ces vingt ans qui lui donne cet air enjouée.

_ Tu viens ? murmure-t-elle entre deux éclats de rire

J’ouvre la bouche prêt à lui répondre lorsqu’un bruit sourd se fait entendre, je cherche du regard la source de l’impact et revient sur Cicély. Son corps est figé, le regard dans le vide, sa robe immaculée de sang, elle va tomber et les gens autour d’elle se précipitent dans tous les sens.  J’accours avant qu’elle ne percute le sol, il y a des cris, des pleurs et des bruits sourds. On tire sur des gens comme sur ma Cicély.

_ Mon amour, tiens le coup, les secours vont arriver, s’il te plait reste avec moi, je pleure dans les cheveux de mon amie.

_ Ne pleures pas Timéo, mon cœur, je veux que tu saches que ce fut les derniers moments de ma vie qui furent les plus beaux…

_ Tais toi ! Je t’interdis de baisser les bras Cicély ! Restes avec moi ! Hurle-je en lui coupant la parole.

Elle attrape mon visage et sourit.

_ Je t’aim…chuchote-t-elle avant de s’éteindre le sourire au visage.

_ Non non je crie d’une voix étranglée

Je tape du poing, j’essaye à plusieurs reprises de la ranimer mais en vain. Les gens ne cessent de crier, de hurler et de pleurer.  Je soulève son corps avec mes deux bras dans l’espoir de croiser une équipe de secours, j’avance en évitant des personnes apeurées. Mais que se passe-t-il ?

Un homme d’une quarantaine d’année nous percute de plein fouet. J’atténue la chute de Cicély avec mon propre corps. L’homme se relève et fixe mon corps et celui de mon amie.

_ Cours jeune homme ! Un fou, armé jusqu’aux dents tire sur tout ce qui passe, finit-il en pressant le pas.

J’ai ma réponse. J’essaye de me relever mais le corps de Cicély se fait de plus en plus lourd. Je la serre un peu plus contre moi et me dirige derrière un buisson du parc dans lequel dix minutes plus tôt elle m’avait souri, elle m’avait aimé et je l’avais adulé. Assis à terre, je place le corps de mon amour sur mon torse comme pour la bercer et je sifflote la douce mélodie qu’elle aimait que je joue à la guitare. Je n’entends plus les gens pleurer, hurler et se précipiter partout et nulle part. Je ne vois pas mes larmes sur mes joues qui trempent les siennes à présent, il n’y a que nous, elle et moi, le temps d’une chanson. La dernière. Quand je finis de siffler les dernières notes, je n’ai pas le temps de recommencer que je sens que l’âme de mon amour vient de nous quitter. Son corps a un soubresaut et son sourire se fige à jamais. Ses yeux clos sont devenus reposé, son visage est serein et ses membres se détendent enfin. Je la couvre de baisers, une dernière fois. Je ne m’arrête que pour verser mes larmes, toute ma tristesse, ma haine, mon horreur, ma peur, mon trou béant dans ma poitrine, dans sa chevelure dorée qui sent la cannelle. Je l’aime et on vient de me la retirer. Il faut à présent, que j’apprenne à vivre dans ce monde violent, où un fou se lève le matin et tire sur vos enfants, femmes et maris, frères et sœurs, parents et grands-parents, et je dois faire cela sans elle. Pour la première fois en vingt-deux ans d’existence, je me sens anéanti de plus profond de moi-même. On m’a toujours appris de ne jamais laisser son cœur à une personne car à un moment ou à un autre, elle part avec. Je resserre mon étreinte sur le corps qui vient de s’éteindre dans mes bras et je fixe le ciel en me demandant où est maintenant l’âme qui possède deux cœurs. Le sien et le mien

****

 

 

« Oui j’ai aimé, j’aime et j’aimerais toujours t’aimer mon Amour »

Je gratte à l’aide d’une éponge la phrase gravée à la feuille d’or dans l’immense plaque de granite sous laquelle repose l’amour de ma vie. Tous les jours depuis maintenant neuf mois, en sortant de la fac, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige ou tout autres problèmes, je viens me réfugier pour lui parler, la faire sourire et même rire.
Notre appartement n’a guère changé, je laisse moi-même trainer les habits de Cicély, comme elle le faisait si bien et chaque soir avant de dormir je les range.

Je sais que je devais cesser ce rituel macabre mais je ne peux me relier correctement au monde extérieur à présent.  J’ai continué mes études d’avocat pour elle car nous nous étions promis d’ouvrir un cabinet tous les deux, même sans elle, je tiendrai ma promesse.

Je sors de notre appartement quand sur le trottoir, je sens que la jeune fille brune me fixe. Je me dirige vers elle mais elle traverse à ce moment-là m’empêchant de discerner ses traits. Je me fige sur place, de dos cette femme ressemble à deux gouttes d’eau à Cicély, mis à part qu’elle est brune. Je me frotte les yeux en me promettant de me coucher plus tôt ce soir. La fille a disparu. La journée de cours fut difficile, la silhouette de la jeune femme me perturbe énormément. A la fin des cours, pour la première fois en neuf mois, je me précipite chez moi et non chez « Cicély » comme je nomme l’endroit de nos rendez-vous à présent.

Devant la porte d’entrée, aucune trace de la jolie brune du matin, déçu, je grimpe les dizaines de marche à petite allure et c’est lorsque que je glisse les clés dans la serrure que je remarque l’enveloppe sous le paillasson.

Des larmes et des frissons apparaissent lorsque je reconnais l’écriture.

_ Cicély ! je souffle.

J’en suis certain c’est son écriture et celle de personne d’autre. J’ouvre à la hâte et n’y trouve qu’une simple photo d’une jeune femme brune de dos. Je me réfugie rapidement chez moi et m’enferme à double tour. Cette silhouette est celle du matin même, j’en mettrais ma main à couper. Je ferme toute issue possible de sortie, fenêtres, portes et même aération. Quelqu’un s’amuse de moi, mais je ne sais pas qui est autant cruel pour imiter à la perfection l’écriture de Cicély et m’envoyer la photo de cette jeune femme. Apeuré, je m’enferme dans ma chambre, me roule dans les couettes et  je m’endors.

 

 

 

 

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